Prochaine rencontre

DATE LIMITE PROLONGÉE: Limites, frontières, marges, bords – Chypre, 21 au 23 septembre 2023

février 2, 2023

Société Internationale de Philosophie et Psychanalyse (SIPP/ISPP)

Université de Nicosie et Université de Chypre

Limites, Frontières, Marges, Bords

Chypre, du 21 au 23 Septembre 2023

Proposition et appel à communications

Après une pandémie mondiale et une série de confinements prolongés pour limiter l’expansion du COVID-19, la question des limites, frontières et bords est plus urgente que jamais. La psychanalyse comme peste, ces propos apocryphes de Freud à Jung lors de leur arrivée en Amérique paraîtraient maintenant d’un goût douteux. Cependant, au delà de la pandémie, la question de la contagion met en évidence d’autres modes de diffusion par-delà les bords et les frontières, dans un nouveau cours du monde : depuis les vidéos virales des violences policières, donnant un nouvel élan de reconnaissance publique à la longue histoire du racisme aux Etats-Unis, à la contagion populiste dans de nombreuses régions du monde aidée par l’arrivée au pouvoir de nouvelles formes d’autoritarisme, jusqu’à finalement, la transmission virale de théories conspirationnistes paranoïaques et la mise en doute compulsive de la vérité qui affecte la diffusion de l’information.

La conférence de cette année vise à explorer les limites et frontières internes et externes ainsi qu’entre et au sein des disciplines. En même temps, elle vise à “aller au-delà” de la dichotomie de l’intérieur et de l’extérieur, à interroger les modèles topologiques existants et à explorer  des zones aporétiques ou erratiques dont les limites et les démarcations sont aux mieux paradoxales et où les bords et les marges doivent être analysés selon leurs conditions propres.

Les frontières peuvent être visibles ou invisibles, reconnues ou refusées, mais il faut toujours lutter, d’une manière ou d’une autre, avec les marges ou les limites de son propre être. Le fantasme d’un corps parfait, peut-être immortel ou sans limite, continue à nous hanter, et encore une fois ‘nous croyons l’avoir’. Ce fantasme, est souvent alimenté par le désir de tenir l’autre à distance et cela nous conduit à une quête frénétique de nouveaux murs. La pandémie a certainement changé nos relations avec nos voisins, changeant également nos environnements de travail et notre sentiment de participer au tissu social. De nos jours, où l’état nation se raidit, les frontières réapparaissent, et avec elles se font sentir des attentes de régulation de nos identités et de nos discours. Un appel pour la redéfinition de notre “corps” en relation avec le “corps étranger” est alors nécessaire et urgent. L’immigrant est un fantasme d’une actualité renouvelée, en particulier à la lumière des nouvelles guerres comme en Ukraine. Les smartphones nous permettent d’oublier les murs de la censure, d’entrer dans un monde virtuel où l’on peut être moins craintif, mais où tout est aussi troublant et provoque anxiété et indignation.

Qu’il s’agisse des formes changeantes de la topologie lacanienne ou des manières de la mettre en pratique, la psychanalyse a toujours été l’étude de ce qui se dissimule à nous, des manières de cacher, rejeter et de condenser. En ce sens, les réflexions freudiennes sur les pulsions comme chevauchant les frontières entre le psychique et le somatique, la distinction entre le principe de plaisir et le principe de réalité, et l’internalisation de l’autorité extérieure face à la détresse, sont fondamentales.

La clinique psychanalytique s’ouvre à ces nouvelles formes de souffrance en ce temps de crises aux frontières. Ce faisant, elle ne se heurte pas seulement aux frontières invisibles et internes aux villes fracturées par la violence sociale, mais aussi à l’un des véhicules les plus subtils et les plus dangereux de la colonisation : la pensée. Une grande partie de ce qui a lieu dans le travail analytique consiste à libérer ce que la pensée a visé à coloniser ; pour autant nous avons à penser, à théoriser, pour accomplir ce travail. Ce qui est en jeu n’est pas le déni d’une forme de pensée traditionnelle, mais la possibilité de faire retour sur elle afin d’examiner sa pertinence pour les types de problèmes apparus à l’époque contemporaine.

Nous invitons à ces réflexions sur le thème des limites, des bords et des frontières dans une ville qui est elle-même une zone frontalière : Nicosie, capitale de l’île de Chypre, une des dernières capitales divisées au monde. Habitée depuis 2500 ans avant JC, Nicosie est une frontière linguistique, géopolitique, socioculturelle et temporelle. Ce qu’on appelle « ligne verte » ou « zone neutre », un no man’s land qui traverse les murs vénitiens entourant la vieille ville, reste figée dans le temps, séparant le sud chypriote grec du nord chypriote turc. Ce lieu dystopique participe sans aucun doute d’une mise en scène traumatisante, se cachant derrière des barbelés, hors du temps et de l’espace. Quel passage est possible ?

Nous faisons appel à des communications concernant :

  • Réflexions sur la pandémie et les limites. Charge virale et propagation virale
  • L’inconscient et sa spatialité
  • La répétition et ses limites
  • Structures et effets topologiques en psychanalyse et en philosophie
  • La performativité de la transgression
  • Sexuation, spécificité de genre et constitution subjective
  • L’imaginaire des frontières
    • Au niveau personnel (peau, vêtements et leurs relations à l’individu ou au collectif)
    • Au niveau politique (fantasmes, jurisprudence, analyse de discours)
  • Le problème avec la pensée
  • La vie à la limite de/et la psychanalyse
  • Les pratiques de “limitation” ou de “dépassement”
  • La spatialité des langages et l’effet de traduction
  • Racisme et homophobie : fonctions, pratiques, effets, limites
  • Métaphores de l’intérieur et de l’extérieur
  • Fantasmes sociaux d’invasion, de contagion et d’immunité
  • Le refus des réfugiés
  • La guerre et les frontières
  • Identité, défense psychique, exclusion
  • Modes de personnalités autoritaires
  • Décomposition des corps et ordre social
  • Le rôle du silence en psychanalyse
  • La production de la vérité en politique : quoi de neuf à l’âge des fake-news, du web profond, des avatars et du métaverse.
  • Normes sociales et réactions psychiques à leur perte
  • L’épreuve des limites dans l’expérience du genre
  • Le discours scientifique et ses limites
  • La création de l’autre radical dans le colonialisme

Les communications, tables-rondes et autres contributions en hommage au travail de Philippe Van Haute et à ses lectures de la psychanalyse freudienne sont les bienvenues. Notre cher ami Philippe, décédé l’année dernière, était co-fondateur et une figure centrale de la SIPP

La rencontre proposera des communications et des discussions en séance plénière, des présentations en groupe, ainsi que des tables rondes sur les livres et les publications des membres de la SIPP et d’autres chercheurs concernant le thème de la conférence ou des questions plus larges sur les relations et les limites entre la psychanalyse et la philosophie.

Les propositions de présentation peuvent être envoyées jusqu’au 30 avril 2023, à l’adresse mail :  sippcyprus2020@gmail.com. Merci d’inclure : résumé (500 mots maximum), titre, auteur, pays, institution (le cas échéant).Pour les présentations, la préférence est donnée aux membres actifs du SIPP-ISPP, alors que tous sont invités à y assister.