La Psychanalyse et les formes du politique VIII Rencontre de la Société Internationale de Psychanalyse et Philosophie 23-27 novembre 2015 Université de São Paulo Université Fédérale de Minas Gerais Centre d’Art Contemporain Inhotim
Call for papers Date limite: 01 setembro 2015 Les propositions doivent être envoyées à: sipp-ispp@yahoo.com
La politique ne se laisse pas seulement penser en tant que réflexion structurée sur les formes des identités collectives dans leur prétendue autonomie. Si la psychanalyse a des conséquences pour la pensée politique, c’est dans la mesure où nous mène à une conception nouvelle de conflit, de différence et de singularité avec des implications sur l’économie des rapports entre le sujet et la société. Car, dès son origine, la psychanalyse ne s’est jamais restreinte une clinique de la souffrance mentale. La théorie sociale freudienne contenait déjà des éléments qui n’étaient pas entièrement explicités en ce qui concerne l’économie libidinale de l’expérience politique des sociétés modernes. Soit à travers la recherche à dévoiler la dynamique pulsionnelle du pouvoir, aussi bien que la nature des identifications qui nous vinculent à l’autorité, soit à travers la considération de la source politique du lien transférentielle, des fantasmes garantissant la cohésion sociale autant que le malaise qui en résulte comme solde du processus de la civilisation, la psychanalyse a toujours mis au claire la nécessité de penser le sujet en tenant compte de la dimension sociale de sa souffrance et des expectatives de création sociale.
Aussi ce chemin ouvert par Freud sera-t-il une référence constante dans l’expérience philosophique qui s’en est ensuivie. Les réflexions de l’École de Frankfurt à propos de la structure pulsionnelle de la régression politique, les discussions de Deleuze et Guattari sur les rapports entre désir et capitalisme, les considérations de Lyotard à propos de l’économie libidinale, aussi bien que la sensibilité de M. Foucault au regard des dispositifs disciplinaires de notre époque et de la consolidation de la biopolitique néolibérale ne se laissent pas comprendre sans la récupération du champ ouvert par la réflexion freudienne, et cela en dépit des rapports parfois tendus – mais non pas pour autant moins décisifs – que ces auteurs purent maintenir au sujet de la psychanalyse.
1. Politiques de la psychanalyse
Dans ce sens, un colloque qui se propose discuter « La psychanalyse et les formes du politique » nous mène nécessairement à une thématique du caractère interne des politiques de la psychanalyse. Et cela en même temps qu’à une récupération de l’actualité des questions relatives aux dynamiques du pouvoir examinées par la production psychanalytique, aussi bien qu’à une réflexion ouverte par des secteurs de la philosophie politique contemporaine à partir des incidences des problématiques psychanalytiques présentes dans les travaux de Laclau, J. Butler, Badiou, Lefort, Deleuze, Foucault, Lyotard, Derrida, Adorno, Marcuse, Honneth, parmi d’autres. Sans doute une telle ampleur nous oblige-t-elle à intégrer à la « psychanalytique du pouvoir » des études archéologiques et critiques sur les institutions, discours et idéologies. Ses interfaces et incidences sur la diversité des champs, des expériences et des dispositifs culturels et
sociaux sont encore à l’attente d’une critique philosophique à même de les éclairer. Car les effets et les défis du discours analytique dans le domaine des différentes modalités d’expression du politique dans la contemporanéité ne furent pas encore conjugués, jusqu’à notre moment, aux exigences théoriques, à l’expérience clinique et à l’histoire institutionnelle de la psychanalyse.
Qui plus est, cette discussion nous conduit à reprendre le sens de plusieurs moments dans lesquels la production psychanalytique s’est mise devant la question politique. Une importance spéciale doit être accordée à la construction freudienne de la catégorie du malaise et ses incidences sur la réflexion liée à la critique sociale, aussi bien qu’à sa contribution aux constructions de sensibilités concernant la spécificité des formes de souffrance au XXème siècle. Encore faut-il se rappeler que la perspective ouverte par la psychanalyse ne se borne à la dimension critique ou de prophylaxie. A maints moments la psychanalyse a déchainé une réflexion sur la potentialité qu’il y a à penser de formes renouvelées du politique et ses liens. Les réflexions sur les groupes chez Lacan et chez Bion, la question d’une identité collective sans état chez Freud, la politique sexuelle chez Reich, autant des moments attestant cette capacité de la psychanalyse à faire face aux problème de la forme des rapports composant le politique. Peut-être trouverions nous actuellement dans un moment dans lequel la critique sociale philosophiquement orientée se laisse finalement approcher dans son dialogue tendu avec la psychanalyse. Depuis les années 50, la philosophie sociale doit faire face à la réflexion sur la nature du capitalisme et de ses régimes de rationalités. Parmi plusieurs de ces moments dans lequel raison et critique sociale s’articulèrent, la psychanalyse s’est convoquée soit pour donner élan à cette critique, soit pour être accusée de se placer comme un mode disciplinaire en plus de perpétuation des formes de vie hégémoniques dans le capitalisme. Cela a toujours produit un dialogue difficile entre la psychanalyse et la philosophie sociale qui se laisse maintenant récupérer dans un autre niveau.
Politique et esthétique
Et last but not least, il nous revient aussi d’explorer la dimension esthétique des recherches psychanalytiques, car la réflexion sur la forme nous livre le point où la politique et l’art se conjuguent. L’invention esthétique, en tant qu’idée et expérience, se lie fortement au domaine du politique, soit pour en célébrer les conquêtes, soit pour en critiquer les tendances, effets et configurations. La forme esthétique et la forme politique ne sont pas indifférentes l’une de l’autre, mais ont une capacité d’induction particulière, de sorte que désir et langage, transformations du désir et transformations du langage s’y conjuguent comme dans un chiasme. Ainsi une réflexion sur la psychanalyse et les formes du politique ne saurait-elle négliger la force politique des textes psychanalytiques sur la production esthétique.
Singularité et différence
Cela étant, l’objectif de cette rencontre concerne la discussion de l’actualité de la psychanalyse au sujet de la réflexion sur les formes du politique, en tenant compte de l’élément singulier qu’elle arrive à insérer au niveau des organisations politiques. La considération de l’invention esthétique sera le moyen à travers duquel nous essayerons de montrer comment la psychanalyse inclut, de manière efficace, la singularité au centre de la pensée politique.
Thèmes proposés:
Les textes sociologiques de Freud et leur actualité ;
Les mythes psychanalytiques sur l’anthropogenèse ; Modernité et pouvoir théologico-politique ;
Identités collectives en tant que problème. Les processus historique, juridique et social de reconnaissance et émancipation de nouvelles configurations identitaires : sexualités ; transnationalités ; multi-parentalités ; Normativité sociale et malaise ;
La remonté des pratiques biopolitiques et l’impérialisme de l’évaluation protocolaire dans le domaine des politiques de santé mentale ;
Le capitalisme et ses mécontents. Les effets normatifs du discours de la science et le ségrégationnisme résultant de son alliance avec le discours du capitalisme ;
Le néoliberalisme, ses structures disciplinaires et de contrôle. L’invention du sujet néoliberal et son économie psychique. La nouvelle économie néoliberale de la souffrance. Psychanalyse et nature fantasmatique de l’autorité ;
Le corps politique et ses phantasmes ; Le réel et la révolution ;
La critique des destins pulsionnels du capitalisme et la dynamique de l’assujettissement;
Sujet politique et événement ; Langage et politique
Lieu et effets du discours psychanalytique au niveau des politiques publiques.