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NOUVELLES DATES: Limites, frontières, marges, bords – Chypre, 21 au 23 septembre 2023

septembre 17, 2022

Société Internationale de Psychanalyse et Philosophie (ISPP/SIPP)

Université de Nicosie et Université de Chypre

( L’appel à contributions est en procès d’actualisation et des nouvelles informations seront publiées ici)

Depuis sa création, la psychanalyse entretient une relation intime, bien que difficile, avec la philosophie: c’est une relation d’attraction, de rejet, de compromis mutuels; en bref, un jeu de limites, de frontières et de marges. La conférence de cette année vise à explorer les limites et frontières internes et externes ainsi qu’entre et au sein des disciplines. En même temps, elle vise à “aller au-delà” de la dichotomie de l’intérieur et de l’extérieur, à interroger les modèles topologiques existants et à explorer  des zones aporétiques ou erratiques dont les limites et les démarcations sont aux mieux paradoxales et où les bords et les marges doivent être analysés selon leurs conditions propres.

Les frontières peuvent être visibles ou invisibles, reconnues ou refusées, mais il faut toujours lutter, d’une manière ou d’une autre, avec les marges ou les limites de son propre être. Le fantasme d’un corps sans défaut nous hante toujours, et encore une fois, “nous croyons l’avoir.” Lorsque l’espace vide cherche à être rempli et suturé, tout signe d’altérité possible est éradiqué.

Ces tensions, cette accumulation, appellent une nouvelle réflexion sur les limites. Pourrions-nous commencer autrement, sans trop nous obséder avec une vision eschatologique de l’histoire?

Qu’il s’agisse des formes changeantes de la topologie lacanienne ou de la façon dont nous exerçons ses modalités pratiques, la psychanalyse a toujours été une étude des masques, des façons de cacher, de rejeter et d’agglutiner. En ce sens, les réflexions freudiennes sur les pulsions comme frontières qui enjambent le psychique et le somatique, la distinction entre le principe de plaisir et le principe de réalité, et l’internalisation de l’autorité extérieure face à la détresse, sont fondamentales.

Depuis Socrate, la philosophie s’engage à la recherche de l’autre, qui peut devenir une mascarade pour acquérir une identité. Se prémunissant contre ce qu’elle perçoit comme des «dangers externes», la philosophie tente continuellement de redéfinir les méthodes et les outils qu’elle peut incarner. Chez Kant, la délimitation et le fondement de la raison se sont formés par le contrepoint avec  l’empirisme que la philosophie elle-même a marquée comme territoire extérieur.

Tous ces jeux, du divan analytique à la salle de cours, impliquent une spatialité et sont liés aux enjeux géopolitiques d’une époque, à son imagination et à son esprit. De nos jours, lorsque l’état-nation se tend, les frontières réapparaissent et il tente de réguler par ces denières nos identités et notre discours. Un appel à la redéfinition de notre «corps» par rapport au «corps étranger» est urgent. L’immigrant est un fantasme d’une actualité renouveée  et on peut se demander aussi  bien ce qu’on imagine  caché sous  le “gilet jaune” .

Les smartphones nous permettent d’oublier les murs de la censure, d’entrer dans un monde virtuel où l’on peut être moins craintif, mais où tout est aussi troublant et provoque anxiété et indignation.

Le mouvement qui vient des périphéries vers le centre peut être considéré, non comme une invasion barbare menaçant les bases établies d’un rêve démocratique, mais comme l’arrivée de ce qui a été nié pour rendre possible l’illusion de la démocratie. Nous vivons une sorte de retour au réel. Il ne s’ensuit pas qu’il faille oublier le diagnostic et les propositions concernant la crise inévitable de la modernité, mais que ces illusions perdues doivent baisser leur masque blanc et considérer ceux qui n’ont jamais eu le droit de se faire des illusions.

En période de crises des frontières, la clinique psychanalytique s’ouvre à ces nouvelles formes de souffrance . Ce faisant, elle se heurte non seulement aux frontières intérieures et invisibles des villes divisées par la violence sociale, mais aussi à l’un des instruments de colonisation les plus subtils et dangereux: la pensée. Une grande partie de ce qui se passe dans le travail psychanalytique concerne la libération de ce que la pensée a visé à coloniser; et pourtant, nous devons penser, théoriser même, pour faire ce travail. Ce qui est en jeu, ce n’est pas le déni de la pensée traditionnelle, mais la possibilité d’y revenir d’un autre point de vue,  imposé par ce qui vient de cette nouvelle époque. Les frontières géopolitiques sont, en ce sens, également temporelles.

Nous invitons à ces réflexions sur le thème des limites, des frontières et des bords dans une ville qui est elle-même une région frontalière: Nicosie, la capitale de l’île de Chypre, est la dernière capitale divisée au monde (et Jerusalem?). Habitée depuis 2500 avant JC, Nicosie vit d’une frontière entre bords linguistiques, géopolitiques, socioculturels et temporels La soi-disant «ligne verte» ou «zone morte», un no man’s land qui traverse les murs vénitiens entourant la vieille ville, reste figée dans le temps car elle sépare le sud chypriote grec du sud chypriote turc. Ce site dystopique est aussi, sans aucun doute, une mise en scène traumatisante, tapie derrière des barbelés, intemporelle et déplacée. En même temps, c’est un site imaginaire, un vivier de fantasmes, de projections et de méconnaissances. Comment pourrions-nous commencer à transposer de telles zones mortes, à l’intérieur comme à l’extérieur, dans le domaine du symbolique alors qu’elles sont destinées à retomber dans le noyau du Réel?

Il est temps au moins de tenter de réfléchir à nouveau sur la notion de limite. Si l’autre côté de la frontière ne nous est pas accessible, comment comprendre les enceintes que nous nous sommes construites? Quel passage est possible?

Nous faisons appel aux papiers concernant:

  • L’inconscient et sa spatialité
  • La répétition et ses limites
  • Structures et effets topologiques en psychanalyse et philosophie
  • La performativité de la transgression
  • Sexuation, spécificité de genre et constitution subjective
  •  L’imaginaire des frontières

      ○ Au niveau personnel (peau, vêtements et leurs relations à l’individu ou au collectif)

      ○ Au niveau politique (fantasmes, jurisprudence, analyse du discours)

      ●     Notions spatiales: frontières, zones, limites, bords et leur fonction conceptuelle

  • Le lien entre la pensée et l’espace
  • L’embryologie – un objet de pensée psychanalytique ou philosophique?
  • Le sens de la critique entre psychanalyse et philosophie
  • La notion mouvante de dispositive
  • Les pratiques de «limitation» ou de «dépassement»
  • La spatialité des langues et l’effet de la traduction
  • La psychanalyse et ses effets redistributifs sur les structures et les émergences
  •  Les lieux possibles du Symbolique – et donc les variations du Réel
  • L’économie politique et son lien avec l’inconscient
  • Racisme et homophobie: fonctions, pratiques, effets
  • Métaphores de l’intérieur et de l’extérieur
  • Distinction et dialectique entre le même et l’autre
  • Les possibilités de l’art
  • Fantasmes sociaux d’invasion, de contagion et d’immunité
  • Le refus des réfugiés

•     Utilisations défensives de l’identité

La rencontre offrira des communications et des discussions en séance  plénière, des présentations en groupe, ainsi que des tables rondes sur les livres et les publications des membres de la SIPP et d’autres chercheurs  concernant le thème de la conférence. Nous ne nous interdisons pas  des questions plus larges sur les relations et les limites entre la psychanalyse et la philosophie.

La préférence pour les présentations est donnée aux membres actifs du SIPP-ISPP, alors que tous sont invités à y assister.


L’appel à contributions est en procès d’actualisation et des nouvelles informations seront publiées ici.